By Holy See Mission
Intervention de Son Eminence
Jean-Louis Cardinal Tauran
Président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux
63e session de l’Assemblée Générale
des Nations Unies
Point 45 : Culture de paix
New York, 12 novembre 2008 Monsieur
le Président,
Je m’associe volontiers à tous ceux qui m’ont précédé à cette tribune, pour
exprimer, au nom de ma Délégation, la plus vive gratitude pour la qualité de
l’accueil qui nous est réservé.
J’ai le privilège de vous transmettre les encouragements cordiaux du pape Benoît
XVI, pour qui « la culture de la paix » est une nécessité, comme en témoigne son
magistère. Il a eu l’occasion de vous dire également, ici même, l’estime en
laquelle il tient les activités de l’ONU.
Comment ne pas rappeler aujourd’hui, en effet, en raison même de l’occasion qui
nous rassemble – « la culture de la paix » - que l’ONU, de par sa nature et sa
mission, devrait être une école de la paix ! Ici, en effet, on devrait apprendre
à toujours penser et à agir en tenant compte des aspirations et des intérêts
légitimes de tous. Ici, tous les pays membres sont égaux en dignité et les
échanges quotidiens comme les grandes décisions peuvent faire grandir le
sentiment d’appartenir à une même famille. En vous efforçant de surmonter la
simple logique des rapports de force pour laisser place à la force du droit et à
la sagesse des peuples, vous devenez des « artisans de Paix ».
Dans cette tâche si exigeante, vous le savez, Mesdames et Messieurs, les
croyants et leurs communautés ont leur place et un rôle à tenir. Les religions,
en dépit des faiblesses et des contradictions de leurs adeptes, sont messagères
de réconciliation et de paix.
Dans leurs familles, leurs écoles comme dans leurs lieux de culte respectifs,
les croyants qui prient, pratiquent la solidarité et encouragent toutes les
initiatives qui contribuent à la sauvegarde de la personne et de la terre,
enseignent aussi le langage et les gestes de paix. Ils s’efforcent d’écouter, de
comprendre, de respecter l’autre, de lui faire confiance avant de le juger.
Autant d’attitudes qui éduquent et ouvrent un espace à la paix.
Nous, croyants, désirons offrir à tous ce patrimoine de valeurs et d’attitudes,
parce que nous sommes convaincus que « la paix est mise en question par
l’indifférence pour ce qui constitue la véritable nature de l’homme » (Benoît
XVI, Message pour la Journée mondiale de prière pour la paix, 1er janvier 2007).
Chaque semaine, des millions de croyants se réunissent dans leurs synagogues,
leurs églises, leurs mosquées et autres lieux de culte pour prier. Ils y font
l’expérience de la fraternité. Ils y réalisent l’unité dans la diversité. Ils
rappellent à tous que « l’homme ne vit pas seulement de pain » ! C’est ce «
savoir-faire » que nous désirons mettre à la dispositions de tous. En invitant à
l’intériorité, à l’harmonie entre soi-même, les autres et la création, les
religions donnent sens à l’aventure humaine.
Pour cela, il faut en tout premier lieu, bien sûr, que les croyants soient
cohérents et crédibles. Ils ne peuvent utiliser la religion pour brimer la
liberté de conscience, pour justifier la violence, pour répandre la haine et le
fanatisme ou pour saper l’autonomie du politique et du religieux.
D’autre part, participant au dialogue public dans les sociétés dont ils sont
membres, les croyants se sentent appelés à coopérer à la promotion du bien
commun qui repose sur un socle de valeurs communes à trous, croyants ou non :
sacralité de la vie, dignité de la personne humaine, respect de la liberté de
conscience et de religion, attachement à la liberté responsable, accueil des
opinions dans leur diversité, juste usage de la raison, appréciation de la vie
démocratique, attention aux ressources naturelles, pour n’en citer que quelques
unes.
En
juillet dernier, lors de la Conférence de Madrid, les participants, appartenant
à diverses religions, ont affirmé, dans la Déclaration finale, que le « dialogue
est une réalité essentielle de la vie. C’est un moyen important pour faire que
les peuples parviennent à se rencontrer, pour renforcer leur coopération… pour
rechercher la vérité, contribuant ainsi au bonheur de l’humanité ». C’est ce
dialogue que nous pratiquons ici, ces jours-ci.
En
terminant, Monsieur le Président, je voudrais parler maintenant au nom de
l’Eglise catholique, pour assurer la communauté internationale de la volonté de
ses pasteurs comme de ses fidèles de continuer à offrir à tous leurs frères et
sœurs en humanité un esprit, celui de la fraternité, une force, celle de la
prière, une espérance, celle qu’offre le Christ qui « a détruit le mur de la
haine qui séparait les frères ennemis » (Ep 2,14). Telles sont les valeurs qui
inspirent notre action sur le terrain, là où l’homme souffre et espère.
Puissions nous, tous ensemble, sans renoncer à nos spécificités culturelles et
religieuses, tracer la voie à un monde plus sûr et plus solidaire. Allons au-delà
de la simple tolérance et des compromis incertains. Faisons de la fraternité
plus qu’un idéal, une réalité.
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